Quelles sont les études et les données disponibles dans votre communauté?
Contexte – Que sont les contaminants environnementaux?
Les contaminants environnementaux sont des substances qui nuisent à la qualité de l’air, de l’eau, du sol ou des aliments. Le plus souvent, les contaminants environnementaux sont le résultat d’activités humaines et peuvent être très nuisibles à la santé humaine, à la faune et à la flore de l’écosystème.
Voici quelques exemples de contaminants environnementaux :
- Pétrole et autres produits chimiques
- Polluants atmosphériques tels que les particules, le radon, l’ozone troposphérique, le monoxyde de carbone, le dioxyde de soufre, le dioxyde d’azote et le plomb
- Pesticides, herbicides et engrais
- Métaux lourds tels que le mercure, l’arsenic, le cadmium et le chrome
- Micro-organismes tels que les bactéries, les virus et les champignons présents naturellement dans l’environnement
Des recherches ont montré qu’il existait un lien entre l’exposition à certains contaminants environnementaux et le cancer1,2.
Par exemple, il a été estimé que le fardeau environnemental du cancer en Ontario représente entre 3,5 % et 6 % de tous les décès causés par le cancer, un taux comparable au fardeau associé à la consommation d’alcool et de tabac commercial3.
Pourquoi cet indicateur est-il important pour les Premières Nations, les Inuits et les Métis?
Malgré les nombreuses différences qui caractérisent les Premières Nations, les Inuits et les Métis, tous ces peuples ont un lien profond et durable avec la terre et une compréhension de l’interdépendance de tous les êtres vivants de la Création : deux éléments centraux de leurs modes de vie. Ce lien fort avec la terre et l’environnement façonne leur identité, leur culture et leur spiritualité et est essentiel au bien-être et à la subsistance4,5,6.
Les contaminants environnementaux peuvent avoir de graves répercussions sur l’environnement et la santé humaine et menacer les systèmes alimentaires, les systèmes de connaissance et les modes de vie.
De nombreuses personnes vivant dans le nord du Canada, notamment les Premières Nations, les Inuits et les Métis, s’inquiètent de l’exposition à des niveaux élevés de contaminants dans l’environnement et dans les espèces de poissons et d’animaux sauvages dont leurs peuples s’alimentent traditionnellement7.
Dans l’Arctique, par exemple, les contaminants trouvés comprennent les biphényles polychlorés (BPC), les pesticides chimiques, les organochlorés et les métaux lourds (comme le mercure)8.
Certains citoyens métis de la Saskatchewan ont également exprimé des préoccupations environnementales liées à la santé humaine, telles que la mauvaise qualité de l’eau et la présence de mercure dans les poissons et l’eau9.
Partout au Canada, on peut trouver des exemples de situations qui touchent les Premières Nations, les Inuits et les Métis vivant dans des zones rurales à proximité de communautés urbaines industrialisées.
Quelle incidence cela a-t-il sur les soins et les résultats?
Les Premières Nations, les Inuits et les Métis vivent depuis des millénaires en harmonie avec l’environnement, qu’ils respectent profondément. Leur lien durable avec la terre, l’eau et la Création a façonné leur identité, leur langue, leur vision du monde et leurs moyens de subsistance.
Les Premières Nations, les Inuits et les Métis sont particulièrement sensibles aux effets des contaminants environnementaux et aux risques qui leur sont associés « en raison de leur lien étroit avec la terre pour leur culture, leur identité, leurs activités traditionnelles de récolte et leur mode de vie »10.
Les études et les données des Autochtones sur les contaminants environnementaux peuvent permettre de déterminer les sources, les niveaux et les effets des substances cancérigènes dans l’environnement et contribuer à la prévention et à la réduction du fardeau et des décès attribuables au cancer. Explorer leur incidence sur les déterminants sociaux de la santé au sens large chez les Premières Nations, les Inuits et les Métis est tout aussi important.
Par exemple, le programme de lutte contre les contaminants de l’environnement chez les Premières Nations aide les communautés des Premières Nations à améliorer leur santé et à évaluer les effets de l’exposition aux risques environnementaux6. L’Ittaq Inuit Heritage and Research Centre11 mène des activités de recherche et de surveillance de l’environnement. Dans le même ordre d’idées, divers groupes métis font preuve de leadership dans la recherche de solutions à ces problèmes et à d’autres préoccupations environnementales12,13.
Bien que l’évaluation des risques liés aux contaminants environnementaux se soit principalement concentrée sur l’analyse des données biologiques, chimiques et physiques afin d’explorer les effets sur la santé physique, il est tout aussi important de reconnaître comment la santé globale (y compris la santé mentale, émotionnelle, physique et spirituelle) est mise à mal lorsque l’environnement est contaminé.
L’abandon des régimes alimentaires et des remèdes traditionnels au profit d’aliments et de produits pharmaceutiques du commerce, le déclin des modes de vie traditionnels physiquement actifs (chasse, pêche, piégeage et plaisir d’être sur les terres et dans l’eau), la perte d’occasions de transmission des connaissances écologiques traditionnelles entre les Aînés et les jeunes, et la diminution du nombre de personnes se rendant sur les terres pour leurs cérémonies et leur guérison spirituelle sont quelques exemples qui illustrent la manière dont le bien-être holistique est affecté14,15.
Cette séparation des activités liées à la nature qui préservent la santé touche non seulement les particuliers, mais aussi les familles élargies, les communautés et les nations.
Vers l’équité en santé
Il a été démontré que le fardeau du cancer attribué à l’exposition environnementale à des substances cancérigènes est plus élevé pour certaines populations, telles que les Premières Nations, les Inuits et les Métis, les groupes à faible revenu et les habitants de zones rurales3. Elles peuvent être plus exposées ou plus sensibles aux contaminants de l’environnement6.
Des études et des données autochtones sur les contaminants environnementaux sont nécessaires pour contribuer à remédier à ces iniquités en matière de santé et comprendre les déterminants sociaux associés au risque de cancer et à ses conséquences16.
Une optique d’équité en matière de santé signifie que les communautés des Premières Nations, inuites, métisses, et les personnes qui en font partie, ont accès aux données sur les contaminants et qu’ils ont la capacité d’utiliser ces données en fonction de leur propre vision du monde15.
Ce que cela signifierait pour les personnes vivant au Canada
Les études et données autochtones sur les contaminants environnementaux peuvent fournir les éléments probants nécessaires pour comprendre et éclairer les efforts visant à réduire les risques de cancer. Ces études doivent refléter les besoins et les priorités des territoires de compétence.
Pour que les Premières Nations, les Inuits et les Métis puissent véritablement contribuer aux politiques, aux prises de décision et à la mise sur pied d’interventions efficaces pour surveiller, prendre en compte et atténuer les effets des contaminants environnementaux, ils doivent avoir accès aux meilleures données disponibles et mener des études basées sur des priorités qu’ils auront eux-mêmes déterminées.
- Paolo Boffetta, Human cancer from environmental pollutants: The epidemiological evidence,
Mutation Research/Genetic Toxicology and Environmental Mutagenesis, volume 608, numéro 2,
2006, pages 157-162, ISSN 1383-5718. https://doi.org/10.1016/j.mrgentox.2006.02.015. - Parsa N., Environmental factors inducing human cancers. Iran J Public Health. 2012;41(11) :1-9. EPub 1er nov. 2012. PMID : 23304670; PMCID : PMC3521879.
- Greco S.L., MacIntyre E., Young S. et coll. An approach to estimating the environmental burden of cancer from known and probable carcinogens: application to Ontario, Canada. BMC Public Health 20, 1017 (2020). https://doi.org/10.1186/s12889-020-08771-w
- Metis Climate Change & Health Vulnerability Assessment, p. 4 (en anglais seulement) https://www.metisnation.ca/uploads/documents/MNCHVA%20FINAL%20Report.pdf
- Stratégie nationale inuite sur les changements climatiques, p. 10 https://www.itk.ca/wp-content/uploads/2019/05/ITK_Climate-Change-Strategy_French-Online.pdf
- Programme de lutte contre les contaminants de l’environnement chez les Premières Nations pour les communautés et les organismes au sud du 60e parallèle https://www.sac-isc.gc.ca/fra/1654111962122/1654111988366
- Les contaminants dans le Nord canadien : État des connaissances et synthèse régionale, p. 5 https://pubs.aina.ucalgary.ca/ncp/83807.pdf
- Cancer in Nunavut 1999-2011, Information sur la santé de la population, ministère de la Santé, gouvernement du Nunavut, C. P. 1000, Station 1033 Iqaluit, NU X0A 0H0 population.health.info@gov.nu.ca, automne 2014
- Experiences and outcomes of cancer and health care among Métis citizens in Saskatchewan, rapport sommaire, printemps 2021, service de la Santé de la Nation métisse de la Saskatchewan
- Portail des Premières Nations sur les contaminants environnementaux et la santé https://fnecp-plcepn.ca/fr/accueil/
- Ittaq Heritage & Research Centre (en anglais seulement) https://ittaq.ca/research/
- Metis Climate Change & Health Vulnerability Assessment, p. 5 (en anglais seulement) https://www.metisnation.ca/uploads/documents/MNCHVA%20FINAL%20Report.pdf
- Rapport annuel 2022-2023 du Ralliement national des métis, p. 18 (en anglais seulement) https://www.metisnation.ca/uploads/documents/MNC%20Annual%20Report%202023.pdf
- Stratégie nationale inuite sur les changements climatiques, 2019, p. 22 https://www.itk.ca/wp-content/uploads/2019/07/ITK_Climate-Change-Strategy_French-Online.pdf
- Arquette M., Cole M., Cook K., et coll. Holistic risk-based environmental decision-making: a Native perspective. Environmental Health Perspectives 110: suppl. 2 (2002) CID: https://doi.org/10.1289/ehp.02110s2259
- Zota A.R., Shamasunder B. Environmental health equity: moving toward a solution-oriented research agenda. J Expo Sci Environ Epidemiol 31, 399-400 (2021) https://doi.org/10.1038/s41370-021-00333-5