Des données probantes aux pratiques exemplaires
Le Programme d’amélioration de la capacité offre un guichet unique d’outils aux spécialistes canadiens de l’élaboration des lignes directrices sur la lutte contre le cancer
19 mars 2012
L’Organisation mondiale de la Santé croit qu’un tiers des cas de cancer peut être prévenu, qu’un autre tiers peut être guéri et que le dernier tiers peut être adéquatement pris en charge à condition que les soins se conforment invariablement aux stratégies existantes fondées sur des données probantes.1,2
Cette audacieuse vision des soins normalisés se base sur l’élaboration systématique de lignes directrices sur la lutte contre le cancer et la réussite de leur mise en œuvre dans le cadre de la pratique clinique. Le Partenariat canadien contre le cancer appuie cet effort d’envergure nationale grâce aux ressources complètes sur l’élaboration de lignes directrices qu’il regroupe sur le portail vuesurlecancer.ca. (http://www.vuesurlecancer.ca/guidelines).
Des lignes directrices sont des documents qui aident le milieu de la lutte contre le cancer à prendre des décisions éclairées en matière de prévention, de dépistage, de diagnostic, de prise en charge et de traitement du cancer. Fondées sur les données médicales et scientifiques probantes les plus récentes et les plus rigoureuses, les lignes directrices aident les médecins et autres professionnels de la santé débordés à naviguer dans une mer de découvertes pharmaceutiques, de pratiques en constante évolution et de résultats de recherche contradictoires. Bien que les lignes directrices ne puissent pas remplacer le jugement professionnel, elles offrent néanmoins une fondation solide de données probantes sur lesquelles les médecins et les patients peuvent baser leur prise de décisions.
Le processus rigoureux et systématique d’élaboration de lignes directrices de haute qualité est long et se fait seulement grâce à de vastes connaissances et à de nombreuses ressources cliniques. L’élaboration d’un seul document peut demander plus d’un an de travail et la participation de spécialistes de la pratique clinique, de personnel de programmes et d’évaluateurs externes. Il s’agit là d’un important obstacle pour bon nombre de provinces et de territoires du Canada, car chaque province et territoire est responsable de l’élaboration de lignes directrices qui reflètent son propre contexte et sa propre capacité.
Jill Petrella de Cancer Care Nova Scotia (CCNS) connaît bien ce problème. En tant que gestionnaire chargée de coordonner l’élaboration des lignes directrices pour CCNS, elle a collaboré avec d’autres personnes de partout au Canada pendant plus d’une décennie afin de favoriser le soutien à l’égard de l’élaboration de lignes directrices, dont elle a elle-même un grand besoin.
« En Nouvelle-Écosse, nous n’avons pas les ressources nécessaires à l’examen systématique de chaque nouvelle ligne directrice sur le cancer, explique-t-elle. Nous avons donc besoin d’un meilleur accès aux informations et aux ressources existantes, à la formation qui nous permettra d’approfondir nos connaissances et notre capacité, et au soutien qui nous aidera à élaborer nos propres lignes directrices de la meilleure façon possible. »
Dans le cadre de son mandat, qui consiste à soutenir une stratégie nationale de lutte contre le cancer, le Partenariat s’est engagé à répondre à ce besoin dès ses débuts. « La communauté d’élaboration de lignes directrices au Canada est plutôt petite et hétérogène », confirme le Dr George Browman, président du groupe consultatif sur les lignes directrices contre le cancer du Partenariat canadien contre le cancer. « Nous avons constaté que le Partenariat pouvait apporter une importante contribution en créant un répertoire centralisé de ressources qui pourraient être utilisées par tous, c’est-à-dire non seulement par des professionnels de l’élaboration des lignes directrices, mais aussi par une communauté beaucoup plus large, composée de professionnels qui prodiguent des soins oncologiques. Cela permettrait d’améliorer la qualité et l’uniformité de la pratique pour les patients d’un bout à l’autre du pays. »
Depuis 2007, le Partenariat finance le Programme d’amélioration de la capacité (PAC), dont les activités se déroulent à l’Université McMaster. À l’heure actuelle, le PAC offre une gamme de ressources clés élaborées par la communauté canadienne d’élaboration des lignes directrices et à son intention.
Au cœur de ce programme, on trouve la page des Ressources sur les lignes directrices contre le cancer du portail vuesurlecancer.ca, un guichet unique d’outils qui aide les spécialistes de l’élaboration des lignes directrices contre le cancer. On y trouve notamment deux ressources principales : le Sage, répertoire de lignes directrices, et le Centre de ressources sur les lignes directrices.
Le répertoire Sage (en anglais seulement) est une base de données consultable qui contient plus de 1 900 lignes directrices concernant la lutte contre le cancer, dont un quart a été élaboré au Canada, et dont la qualité a déjà été évaluée. Le répertoire contient également des listes de lignes directrices en cours d’élaboration et des lignes directrices qui doivent être mises à jour, afin de faciliter la collaboration entre élaborateurs.
Le Centre de ressources sur les lignes directrices contient des documents de référence ainsi que des outils visant à soutenir l’élaboration des lignes directrices pour la pratique clinique, notamment des guides pratiques, des gabarits, des listes de vérification et des publications clés. Les visiteurs du portail peuvent également accéder à des présentations, à des webinaires et à des vidéos YouTube populaires dans lesquels on discute de questions particulières à l’élaboration et à la mise en œuvre de lignes directrices.
Le PAC vise également la mise sur pied de communautés durables d’intervenants grâce à des initiatives de formation en direct et en ligne qui mettent l’accent sur l’utilisation et l’évaluation des données probantes scientifiques et des méthodes d’élaboration de lignes directrices. Depuis sa mise sur pied, le PAC a organisé 18 formations auxquelles ont participé 427 personnes. La rétroaction des participants tourne généralement autour du fait qu’ils sont heureux d’avoir accès à de l’information et à des occasions de formation qui ne leur seraient pas offertes autrement.
En Nouvelle-Écosse, Jill Petrella profite pleinement de ces ressources. « Nous avons saisi toutes les occasions qui se sont présentées à nous », dit-elle. Elle a récemment soumis les lignes directrices sur le cancer de la thyroïde nouvellement élaborées par CCNS au service d’examen externe interprovincial du PAC, qui coordonne l’examen de documents par des spécialistes au nom de l’organisme.
De plus, elle fait profiter ses collègues des occasions éducatives du PAC, même s’ils ne travaillent pas dans le domaine de la lutte contre le cancer. « Lorsque le programme offre des webinaires, j’invite d’autres élaborateurs de lignes directrices du ministère de la Santé et du Mieux-Être. La salle de conférence se remplit de spécialistes du diabète, de la santé cardiovasculaire et des soins rénaux, et ils apprennent ensemble à partir des méthodologies utilisées dans la lutte contre le cancer. Il n’y a aucun doute que ces occasions nous permettent d’améliorer nos connaissances et de renforcer notre capacité, et donc notre potentiel d’élaboration des lignes directrices, ce qui en retour aide à améliorer la pratique. »
Références
1 Organisation mondiale de la santé. National Cancer Control Programmes: Policies and Managerial Guidelines, 2002. http://www.who.int/cancer/media/en/414.pdf, consulté en février 2012.
2 Organisation mondiale de la santé. Cancer Control: Knowledge into Action. WHO Guide for Effective Programmes, Diagnosis and Treatment, 2008. http://www.who.int/cancer/modules/FINAL_Module_4.pdf, consulté en février 2012.