La voie du rétablissement : le cancer à l’ère de la COVID-19
Se préparer à l’augmentation des cas de cancer
Explorer les actions nécessaires pour se préparer à l’augmentation des cas de cancer :
- Établir l’ordre de priorité pour les interventions chirurgicales et les autres interventions liées au cancer
- Soutenir les stratégies menées par les Premières Nations, les Inuits et les Métis
- Concevoir en collaboration la réponse à la pandémie et les efforts de rétablissement avec les collectivités confrontées à des inégalités
- Améliorer la souplesse du système de lutte contre le cancer
- Soutenir la coordination avec les soins primaire
- Tirer parti des réseaux de soins contre le cancer
- Améliorer les services d’oncologie dans les collectivités rurales et éloignées
1. Établir l’ordre de priorité pour les interventions chirurgicales et les autres interventions liées au cancer
Étant donné les répercussions des retards de traitement sur les patients atteints de cancer, les hôpitaux doivent continuer à donner la priorité aux interventions chirurgicales liées au cancer lorsqu’ils déterminent l’attribution de la capacité des salles d’opération. Alors que d’autres types d’interventions chirurgicales ajournables et moins critiques reprennent et commencent à résorber leurs propres retards, il est essentiel de ne pas oublier que le cancer est une question de vie ou de mort. En adoptant une vision globale de toutes les disciplines, de tous les types d’interventions chirurgicales et des besoins/vulnérabilités des patients, et en établissant des niveaux de priorité primordiaux pour le diagnostic et le traitement, l’utilisation des ressources du système peut être optimisée et adaptée aux endroits où les services sont les plus urgents pour obtenir les résultats souhaités. Permettre de modifier la séquence des traitements, notamment la radiothérapie, l’ablation ou la chimiothérapie, à titre de mesures temporaires pendant que les patients attendent une intervention chirurgicale pourrait également être un moyen d’augmenter les chances d’obtenir de meilleurs résultats.
Solutions de partout au Canada :
- Directives concernant l’établissement des priorités : Le ministère de la Santé de l’Ontario a élaboré des documents d’orientation clinique et des fiches-conseils pour aider à classer les patients par ordre de priorité dans ses programmes cliniques, afin d’optimiser les ressources limitées en veillant à ce que les cas les plus graves soient traités en premier. Ces documents sont flexibles pour tenir compte de la capacité de chaque centre au moment visé. De même, le Québec a également élaboré des lignes directrices pour aider les cliniciens et les décideurs à donner la priorité aux patients qui doivent subir une intervention chirurgicale pendant la pandémie, en fonction de la disponibilité des ressources et des critères cliniques.
- Listes d’attente centralisées : L’Ontario a investi dans l’adoption à grande échelle de systèmes électroniques de listes d’attente centrales, qui faciliteront la planification hospitalière, régionale et provinciale de l’accès aux interventions chirurgicales et au nivellement de la charge.
2. Soutenir les stratégies menées par les Premières Nations, les Inuits et les Métis
Les collectivités et organisations des Premières Nations, des Inuits et des Métis ont élaboré des stratégies et des ressources pour gérer la santé de leurs collectivités et comprendre leurs défis locaux. En établissant des relations et des partenariats avec les Premières Nations, les Inuits et les Métis, nous pouvons être à l’écoute pour déterminer comment créer une meilleure voie à suivre qui soit équitable et respectueuse des valeurs culturelles, concevoir en collaboration des soins plus adaptés à la culture qui optimisent les mesures de soutien communautaires disponibles, et améliorer la communication et la coordination des services pour qu’il soit plus facile de naviguer dans le système de lutte contre le cancer. Le fait que plus de prestataires de soins de santé suivent une formation en matière de sécurisation culturelle sera également utile à cet égard.
Solutions de partout au Canada :
- Aide de voyage : Le Medical Travel Assistance Pilot Program de la Métis Nation of Saskatchewan améliore les résultats pour les Métis atteints de cancer en réduisant les obstacles liés aux déplacements qui contribuent aux inégalités en matière de santé.
- Connexions communautaires : Dans la municipalité rurale de St. Laurent, une agente de liaison communautaire veille à ce que les résidents métis aient le soutien dont ils ont besoin tout au long de leur parcours de lutte contre le cancer, améliorant ainsi la prestation de soins équitables.
- Augmentation du dépistage : En travaillant en partenariat étroit avec les représentants de la santé communautaire et les collectivités locales des Premières Nations et des Inuits, un nouveau programme de dépistage du cancer colorectal dans les Territoires du Nord-Ouest a doublé les taux de participation au dépistage pendant la pandémie.
3. Concevoir en collaboration la réponse à la pandémie et les efforts de rétablissement avec les collectivités confrontées à des inégalités
Les efforts visant à améliorer la rapidité d’accès au dépistage, au diagnostic et au traitement du cancer doivent être définis conjointement, du début à la fin, avec les collectivités confrontées à des inégalités ou les organisations qui les représentent. La présence, aux tables de décision, de voix diverses ayant une expérience vécue des lacunes en matière de soins permettra de garantir que les efforts de réponse et de rétablissement en cas de pandémie sont adaptés aux besoins et aux priorités de leurs collectivités.
4. Améliorer la souplesse du système de lutte contre le cancer
Les hôpitaux canadiens ont été rigoureusement optimisés pour fonctionner à 100 % de leur capacité. Quand la COVID-19 est arrivée, il n’y avait plus de place pour répondre à la demande croissante. La planification future devrait permettre une plus grande souplesse dans l’affectation du personnel et des ressources, ce qui contribuerait à garantir la capacité du système à réagir dans des circonstances exceptionnelles. Il pourrait s’agir de modifier, de manière formelle ou informelle, les champs d’exercice de différents types de professionnels de la santé – y compris les prestataires actuels qui ne travaillent pas dans le domaine de l’oncologie – afin de permettre à un plus grand nombre de personnes dans l’ensemble du système de contribuer à la prestation de soins contre le cancer centrés sur la personne. Une telle optimisation des champs d’exercice permettrait de résoudre les problèmes de capacité et de réduire le taux d’épuisement professionnel des cancérologues.
Solutions de partout au Canada :
- Recours accru aux infirmières praticiennes : L’Alberta a employé des infirmières praticiennes dans des centres de soins communautaires reliés par télésanté à un centre tertiaire de cancérologie afin d’augmenter les ressources dans les centres communautaires et d’améliorer la capacité du système. En Colombie-Britannique, les infirmières praticiennes ont reçu une formation sur la prestation de soins aux personnes atteintes de cancer, ce qui leur permet de prescrire des tests de diagnostic, de poser un diagnostic de cancer, de prescrire (la plupart) des médicaments et d’assurer le suivi à long terme.
5. Soutenir la coordination avec les soins primaire
Trouver des moyens d’accroître le rôle des équipes de soins primaires peut aider à rétablir et à renforcer la capacité du système de lutte contre le cancer. Les modèles de soins connectés qui mettent l’accent sur la coordination entre les spécialistes du cancer et les soins primaires peuvent améliorer l’utilisation des ressources dans l’ensemble du système de soins de santé. Une plus grande collaboration permet également de réduire les temps d’attente et d’améliorer la qualité des soins pour les patients.
Solutions de partout au Canada :
- Soins intégrés après le traitement : L’initiative Living Well After Cancer de l’Alberta soutient l’intégration des équipes de soins primaires et de soins contre le cancer afin de fournir des soins continus après le traitement et d’améliorer l’orientation des mesures de soutien au sein de la collectivité.
- Voies de diagnostic du cancer : L’initiative de l’Alberta sur le diagnostic du cancer consiste à concevoir en collaboration l’admission centrale, les voies de diagnostic du cancer et les mesures de soutien pour les prestataires de soins primaires et leurs patients pendant la période de diagnostic, en améliorant la coordination et l’accès aux conseils spécialisés et aux mesures de soutien communautaires.
- Nouveau — Campagnes de sensibilisation du public : La trousse à outils de Santé Ontario destinée aux fournisseurs de soins primaires comprend des scripts téléphoniques, des articles de bulletins d’information, des publications sur les médias sociaux, des fiches d’information et des affiches numériques pour mieux informer le public au sujet du dépistage du cancer. Des lignes directrices cliniques ont également été élaborées pour aider les fournisseurs de soins de santé, et des outils de données ont été créés pour améliorer le suivi des volumes de dépistage.
6. Tirer parti des réseaux de soins contre le cancer
Les cliniques multidisciplinaires et les réseaux de soins contre le cancer, qui rassemblent des cliniciens de plusieurs spécialités, peuvent contribuer à améliorer l’organisation des services de lutte contre le cancer dans les centres de cancérologie et entre eux. Les réseaux fournissent une structure permettant une collaboration plus étroite entre les territoires de compétence et les établissements afin de mettre en commun l’expertise, les ressources et les services. Ils permettent également une distribution plus équitable des soins, en améliorant l’accès des patients aux services spécialisés, quel que soit leur lieu de résidence.
Solutions de partout au Canada :
- Groupes sur les sièges de la maladie : Les groupes sur les sièges de la maladie de la Saskatchewan fournissent des soins multidisciplinaires aux patients atteints de cancer, de la consultation initiale aux soins de suivi. Ces groupes réduisent le risque d’interventions évitables ou redondantes en garantissant l’application du plan de soins optimal. Cette approche est étendue pour soutenir les patients vivant dans les régions rurales et éloignées, et comprend des soins adaptés sur le plan culturel pour les collectivités des Premières Nations et des Métis.
- Réseaux propres à chaque siège de la maladie : La Fondation québécoise du cancer a mis en place des réseaux propres à chaque siège de la maladie afin de créer des liens clairs et définis entre les personnes de l’équipe de soins. Grâce à ces réseaux, les équipes des différents centres s’efforcent également d’améliorer la rapidité d’accès à l’expertise dans les régions rurales et éloignées.
Boîte à outils des modèles de soins
Ressource pratique pour les dirigeants des systèmes de santé et les concepteurs de programmes, cette boîte à outils fournit des renseignements détaillés sur des modèles de soins novateurs fondés sur des données probantes, utilisés au Canada et à l’étranger, notamment les soins connectés, les réseaux de soins contre le cancer et les soins virtuels.
La boîte à outils des modèles de soins constitue une ressource pratique pour les dirigeants du système de santé, ainsi que pour les concepteurs de politiques et de programmes. Elle offre des renseignements détaillés sur des modèles de soins novateurs, fondés sur des données probantes, accompagnés d’exemples d’utilisation de tels modèles, au Canada et à l’étranger.
Plus d'info7. Améliorer les services d’oncologie dans les collectivités rurales et éloignées
Il faut accorder une plus grande attention aux modèles de soins qui permettront d’offrir des services d’oncologie à un plus grand nombre de personnes au Canada, y compris celles qui vivent dans des collectivités rurales et éloignées. Cela devrait inclure le maintien du financement des accompagnateurs/compagnons qui voyagent avec les patients de lieux tels que les Territoires du Nord-Ouest lorsqu’ils se rendent dans les grands centres urbains pour y recevoir des soins, leur fournissant ainsi un soutien linguistique et émotionnel ainsi qu’une aide pour s’y retrouver, ce dont ils ont grandement besoin. Dans de nombreux cas, les mesures de confinement liées à la pandémie ont empêché les accompagnateurs/compagnons de voyager avec les patients.
Solutions de partout au Canada :
- Chimiothérapie IV en milieu rural : De nombreuses provinces canadiennes ont pu s’appuyer sur les forces de leurs programmes d’oncologie communautaire pendant la pandémie. Au Manitoba, de nombreux patients ont continué à recevoir des services de soins contre le cancer plus près de chez eux, comme les traitements généraux dans le cadre des programmes communautaires de cancérologie. De nombreux patients ont également pu entrer en contact avec des infirmières-pivots et des cliniciens en oncologie psychosociale dans toute la province.
- Oncologie communautaire : En Nouvelle-Écosse, un programme d’oncologie communautaire est en cours d’élaboration afin de fournir des services de diagnostic et d’offrir des services liés à la survie dans huit centres d’oncologie communautaire, réduisant ainsi la charge des centres de cancérologie tertiaires tout en fournissant des soins plus près du domicile et en réduisant les obstacles aux soins causés par les déplacements.
- Nouveau — Soins en cancérologie au Nunavut : Le Nunavut a ouvert sa première clinique spécialisée dans le traitement du cancer à l’hôpital général Qikiqtani d’Iqaluit, en collaboration avec l’Hôpital d’Ottawa. Cette clinique permet aux personnes ayant reçu un nouveau diagnostic de cancer et à celles qui font l’objet d’un suivi après un traitement de recevoir des soins plus près de chez elles.
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