La voie du rétablissement : le cancer à l’ère de la COVID-19

Réponses des collectivités des Premières Nations, des Inuits et des Métis à la pandémie

Cette section met en lumière certaines réponses communautaires et régionales qui ont soutenu les personnes les plus touchées par la pandémie.

Dans la municipalité rurale de St. Laurent, une collectivité métisse historique d’environ 1 400 personnes, Marlene Combot, agente de liaison communautaire du Manitoba, s’assure que les résidents ont le soutien dont ils ont besoin tout au long de leur parcours de lutte contre le cancer, de la prévention au traitement, en passant par la survie et les soins de fin de vie.

Au début de la pandémie, Marlene a contribué à une transition rapide de la participation en personne à la participation en ligne, en veillant à ce que les membres de la collectivité continuent à être connectés et aient l’occasion de faire part de leurs histoires et de poser des questions sur leurs soins contre le cancer.

Les personnes de cette collectivité peuvent être confrontées à de nombreux obstacles lorsqu’elles reçoivent un diagnostic de cancer. Le fardeau que représente le déplacement vers un centre de traitement et le coût des soins contre le cancer sont les deux principaux obstacles à l’accès aux soins. Lorsqu’un patient n’était pas en mesure d’organiser son transport à Winnipeg pour sa radiothérapie, Marlene a établi le contact avec les services de soutien nécessaires afin qu’il ait un séjour abordable dans un hôtel rattaché à l’hôpital.

Marlene a également aidé des patients à s’y retrouver dans la charge administrative entourant le traitement. Le besoin de ce type de soutien est devenu encore plus important pendant la pandémie, car les personnes qui compteraient normalement sur leur famille ou leurs amis se sont retrouvées isolées en raison des mesures de santé publique destinées à empêcher la propagation de la COVID-19. Le fait d’avoir une agente de liaison communautaire a permis de combler les lacunes qui empêchent les résidents de la municipalité rurale de St. Laurent de recevoir des soins équitables.

Les sentiments de vulnérabilité ou de réticence à demander des soins de santé ne sont pas rares chez certains de nos résidents autochtones, métis et mal desservis, en raison d’expériences négatives vécues dans le passé. Demander de l’aide est difficile et beaucoup préfèrent l’éviter parce qu’ils n’ont pas confiance en notre système de santé. C’est particulièrement vrai pour ceux qui vivent dans de petites collectivités, et le fait d’avoir quelqu’un dans la collectivité en qui ils ont confiance, qui est Métis, change sans aucun doute les choses.

Marlene Combot,
agente de liaison communautaire du Manitoba

L’accès aux soins médicaux est un défi pour de nombreux Métis de la Saskatchewan. Contrairement aux Premières Nations et aux Inuits, les Métis n’ont pas accès aux services de santé fédéraux et à la couverture des services de santé non assurés. De plus, certains services médicaux ne sont offerts qu’à Saskatoon, Regina et Prince Albert, ce qui entraîne des déplacements et des coûts importants pour les citoyens métis de la province.

Une chose que j’apprécie vraiment beaucoup est ce que MN-S a fait pour moi. Ma gratitude est tout simplement sans borne. Le kilométrage, la chambre et tout ce qu’ils paient, ça réduit de moitié le fardeau. Tout ce dont je devais m’inquiéter, c’était mon cancer. J’espère que les gens n’en abuseront pas et que le programme pourra continuer pour toujours.

Patient métis atteint d’un cancer

Pour garantir que les citoyens métis reçoivent les soins dont ils ont besoin, et en reconnaissance des difficultés économiques engendrées par la pandémie, la Métis Nation of Saskatchewan (MN-S) a amélioré l’accès aux services de transport et aux mesures de soutien qui ont permis de réduire le stress lié aux déplacements en cas de problèmes médicaux, notamment le cancer.

Compte tenu du succès de l’initiative, la MN-S a pu mettre en place le Medical and Cancer Travel Assistance Pilot Program, qui prévoit le remboursement des frais de carburant, une aide à l’hébergement et une allocation pour une alimentation saine pour les citoyens métis inscrits et les membres de leur famille immédiate qui doivent se rendre à des rendez-vous pour des raisons médicales, pour traiter un cancer ou subir une dialyse à l’extérieur de leur collectivité. Le programme améliorera les résultats en s’attaquant aux obstacles liés aux déplacements qui contribuent aux inégalités en matière de santé chez les Métis de la Saskatchewan.

Les Medical and Cancer Travel Assistance Programs de la MN-S ont été couronnés de succès depuis leur lancement en juillet 2020, car ils ont permis de réduire le fardeau financier des citoyens qui se rendent à leurs rendez-vous médicaux et leurs traitements contre le cancer en dehors de leur collectivité d’origine. Bon nombre de nos citoyens ont pu se rendre à leurs rendez-vous l’esprit tranquille, car ils ont un endroit où loger, le carburant et le stationnement étant couverts par les fonds du Partenariat, et les repas et l’hébergement étant couverts par la MN-S. Les prestataires de services de toute la province ont également fait part de l’utilité des programmes pour fournir les services dont les citoyens métis ont besoin pour se rendre à leurs traitements sans interruption. La réduction de ces obstacles signifie que les patients métis et les prestataires de services de la Saskatchewan auront une chose de moins à penser et pourront davantage se concentrer sur leur bien-être et leur sécurité pendant la pandémie.

Responsable des programmes et services de la MN-S

Dans les Territoires du Nord-Ouest, la moitié des personnes atteintes d’un cancer colorectal reçoivent un diagnostic à un stade avancé, lorsque les chances de guérison et de survie sont plus faibles. Afin de dépister les cancers à des stades plus précoces, en 2020, le tout premier programme de dépistage organisé du cancer colorectal a été mis en œuvre dans la région du Beaufort-Delta, une région qui, historiquement, présentait les taux de dépistage du cancer colorectal les plus faibles des Territoires du Nord-Ouest.

Le Beaufort-Delta est la région la plus septentrionale du territoire et abrite principalement les Premières Nations Inuvialuit et Gwich’in dans huit collectivités. Traditionnellement, la méthode la plus efficace pour nouer le dialogue avec ces collectivités était de le faire en personne, mais, en raison de la pandémie, il a été nécessaire de passer à une mobilisation virtuelle des collectivités.

Grâce à une collaboration étroite avec les gouvernements autochtones, les prestataires de soins de santé locaux et les représentants de la santé communautaires (des personnes qui entretiennent des relations de confiance bien établies avec les membres de la collectivité), une approche de participation virtuelle et une campagne de sensibilisation communautaire ont été élaborées pour garantir un processus du dépistage du cancer adapté à la culture, respectueux des valeurs culturelles et centré sur la collectivité. Le programme de dépistage comprenait également la distribution par courrier de trousses de dépistage avec le test fécal immunochimique.

Malgré la pandémie, le programme de dépistage a permis de faire passer le taux de participation au dépistage du cancer colorectal dans la région de 6,7 à 16,5 %. Certaines collectivités de la région ont triplé, voire quadruplé, leur taux de dépistage, l’une d’entre elles ayant vu la participation passer de 7 à 43,5 %.

Le succès du programme permet de tirer des leçons sur l’importance de nouer le dialogue et de collaborer avec les intervenants locaux pour réussir à faire participer les collectivités, ce qui peut être appliqué à la mise en œuvre d’un programme de dépistage à l’échelle du territoire pour que tous les résidents puissent bénéficier d’un dépistage et d’un traitement précoces du cancer colorectal.

Pendant la pandémie, le partenariat étroit entre les prestataires de soins de santé du Qikiqtani General Hospital au Nunavut et de l’Hôpital d’Ottawa a mené à la création d’une nouvelle approche novatrice de prestation des soins contre le cancer aux Inuits vivant au Nunavut1. Pour éliminer le fardeau des restrictions liées au déplacement et à l’isolement en vigueur pendant la pandémie, qui auraient empêché les Nunavummiut de rentrer chez eux entre deux traitements, les équipes des deux hôpitaux ont travaillé ensemble pour veiller à ce que la formation, les politiques et les médicaments contre le cancer soient en place et disponibles au Nunavut afin que les patients puissent recevoir leur traitement contre le cancer plus près de chez eux, au Qikiqtani General Hospital.

  1. L’Hôpital d’Ottawa. (s.d.) Des Inuits atteints du cancer sont soignés au Nunavut grâce à une collaboration continue entre hôpitaux. Disponible à l’adresse : https://www.ottawahospital.on.ca/en/healthy-tomorrows/inuit-cancer-patients-receive-care-in-nunavut-thanks-to-ongoing-hospital-partnership/.